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Vers un 6ème modèle des processus d’innovation?

By 26 avril 2010 10 Comments
En 50 ans, la modélisation des processus d’innovation a beaucoup évolué, d’un simple modèle linéaire vers des modèles beaucoup plus complexes.
Durant les années 1950 et 1960, la phase de « research push » ou innovation de 1ere génération prévalait.
Cette approche partait de l’hypothèse que l’innovation est un processus linéaire démarrant par la découverte scientifique, passant à travers les étapes d’invention, étude et réalisation pour terminer sur une phase de marketing pour le nouveau produit ou process.
Selon cette vision, le plus gros challenge résidait donc dans la gestion efficace des investissements de R&D.
Ensuite, au début des années 1960, un 2eme modèle d’innovation linéaire fut adopté par les industriels et les instances gouvernementales.
Demand pull.
Dans ce modèle, les innovations découlent d’une demande perçues, qui influence la direction et la vitesse de développement des technologies.
Selon cette vision, le plus grand challenge est l’investissement efficace dans le marketing et l’identification des besoins du client.
Ces approches linéaires de l’innovation furent par la suite critiquées car trop simplistes. Un mix de ces 2 approches déboucha sur le modèle de 3eme génération où le research push et le demande pull pouvait fluctuer en fonction des phases du processus d’innovation, cohabitant conjointement.
Dans les années 1970, ce 3eme modèle se répandit avec une approche interactive entre les besoins client et la recherche.
Selon cette vision, le principal challenge est la communication inter-organisationnelle marketing -recherche.
Une 4eme génération, l’innovation collaborative, mis en avant les processus complexes de communications entre les différents acteurs de l’innovation interne; R&D; marketing, distribution + les acteurs externes.
Ce modèle apparu au début des années 80, prenant conscience du processus complexe de l’innovation et des apports d’acteurs variés incluant les clients, fournisseurs et partenaires.
Dans ce modèle, les challenges dépassent la simple gestion du marketing et de la recherche pour inclure des partenaires diffus dans et ou dehors de l’entreprise.
Dans les années 1990, un 5eme modèle de processus apparu.
Dans ce modèle, les services/départements des entreprises ne sont plus vus comme des silos indépendants mais comme des acteurs liés collaborant en même temps sur l’innovation, via notamment l’utilisation des nouvelles technologies digitales.
Les « lead users » et les fournisseurs principaux sont considérés comme des acteurs majeurs de l’innovation et placés au cœur de la démarche.
Le focus est désormais sur la création d’écosystèmes, via notamment des partenariats, projets collaboratifs.
Le modèle de l’Open Innovation rentre dans cette catégorie et pourrait même être considéré à certains égards comme une 6eme mutation du modèle, étant aidée par le développement technologique pour faire collaborer en temps réel et manager les différents acteurs de l’innovation.
Cette intégration se fait de plus en plus tôt, par le biais notamment de la simulation, prototypage rapide etc…

modele

(Source : Flickr)

En 50 ans, la modélisation des processus d’innovation a beaucoup évolué, d’un simple modèle linéaire vers des modèles beaucoup plus complexes.

Durant les années 1950 et 1960, le modèle « Research push » (Recherche poussée) ou innovation de 1ère génération prévalait.

Cette approche partait de l’hypothèse que l’innovation est un processus linéaire démarrant par la découverte scientifique, passant à travers les étapes d’invention, étude et réalisation pour terminer sur une phase de marketing pour le nouveau produit ou process.

Selon cette vision, le plus gros challenge résidait donc dans la gestion efficace des investissements de R&D.

Ensuite, au début des années 1960, un 2eme modèle d’innovation linéaire fut adopté par les industriels et les instances gouvernementales : « Demand pull » (innovation tirée par la demande).

Dans ce modèle, les innovations découlent d’une demande perçue, qui influence la direction et la vitesse de développement des technologies.
Selon cette vision, le plus grand challenge est l’investissement efficace dans le marketing et l’identification des besoins du client.

Ces approches linéaires de l’innovation furent par la suite critiquées car trop simplistes.

Un mix de ces 2 approches déboucha sur le modèle de 3ème génération où le « research push » et le « demand pull » pouvait fluctuer en fonction des phases du processus d’innovation et  cohabitant naturellement.

Dans les années 1970, ce 3eme modèle se répandit avec une approche interactive entre les besoins client et la recherche.

Selon cette vision, le principal challenge est la communication inter-organisationnelle marketing -recherche.

Au début des années 80, une 4eme génération, l’innovation collaborative, mis ensuite en avant les processus complexes de communications entre les différents acteurs de l’innovation interne ( R&D, marketing, distribution..) ainsi que  les acteurs externes.

Ce modèle apparu suite à la prise de conscience de la complexité de l’innovation et des apports d’acteurs variés incluant les clients, fournisseurs et partenaires.

Dans ce modèle, les challenges dépassent la simple gestion du marketing et de la recherche pour inclure des partenaires diffus dans et au dehors de l’entreprise.

Enfin, dans les années 1990, un 5eme modèle de processus apparu.

Dans ce modèle, les services/départements des entreprises ne sont plus vus comme des entités  indépendantes mais comme des acteurs liés collaborant en même temps sur l’innovation, via notamment l’utilisation des nouvelles technologies digitales.

Les « lead users » et les fournisseurs principaux sont considérés comme des acteurs majeurs de l’innovation et placés au cœur de la démarche.

Le focus est désormais sur la création d’écosystèmes, via notamment des partenariats, projets collaboratifs.

Le modèle de l’Open Innovation rentre dans cette catégorie .

Il est aidé par le développement technologique afin de collaborer en temps réel et manager les différents acteurs de l’innovation. Ces derniers sont intégrés de plus en plus tôt, par le biais notamment de la simulation, prototypage rapide etc…

Par son processus clairement décrit et promu par H. Chesbrough, ce modèle ne pourrait-il d’ailleurs pas être considéré à certains égards comme une 6ème mutation du modèle…?

10 Comments

  • Frederic Wangfa dit :

    Bonjour,

    Acteur de l’innovation au travers d’une nouvelle génération de prototypage visant à valider l’innovation au travers de la simulation et la modélisation, habituellement appelée 1D, je dois constater qu’en France, les industriels de toute taille n’en sont restés qu’aux deux premières générations de l’innovation.
    Nous proposons un service scientifique qui n’est pas que technique permettant à moindre coût de réaliser un prototype virtuel valide du point de vue technologique. Nul besoin de réaliser plusieurs prototypes réels, un seul suffira et ce sera le bon conformément au premier cahier des charges (au limites des connaissances scientifiques près).
    Hé bien, quelle ne fut pas ma surprise en entendant des remarques du style,: « trop cher », « nous travaillons à l’ancienne », « que vais je faire de mes techniciens? », « nous verrons plus tard »; etc
    Oui, les processus d’innovation existent mais où sont les industriels qui peuvent les mettre en place?
    Il y va de la survie de notre industrie et de nos services.
    Juste un exemple de projet réalisable: l’optimisation en temps réel de la distribution d’energie électrique sur un vaste territoire en tenant compte de tous les paramètres liés à la production et à la consommation.

    Bonne journée aux pays émergeants…

  • Thierry dit :

    L’innovation est la résultante d’un acte créatif, donc éminament humain. Tenter de modéliser les principes et acteurs de l’innovation relève de la démarche de Tailor… ou de celle d’Asimov sur les lois de l’humanique…

    Je reconnais que le jugement de l’innovation est trop souvent fait sur la seule raison économique…

  • Mathieu Dupas dit :

    L’innovation résulte en effet en partie par un acte créatif. Il est cependant nécessaire d’y ajouter un management et des processus appropriés pour la voir déboucher sur un produit.
    La volonté de modéliser un processus aussi complexe est une tache délicate sur laquelle travaillent de nombreux spécialistes.
    Ces modèles sont de mon point de vue très utiles car ils permettent ensuite une communication et des débats plus structurés autour de ces phénomènes complexes, aussi imparfaits soient-ils…

  • pj dit :

    En lisant l’article j’ai eu la même impression que Frederic Wangfa : « je dois constater qu’en France, les industriels de toute taille n’en sont restés qu’aux deux premières générations de l’innovation ». Hélas, il n’y a pas que les industries, mais l’état français lui est encore au premier modèle d’innovation !!
    OSEO, représentant l’état en terme d’innovation, représente bien ce schéma. Pour OSEO, une innovation n’est que le résultat d’une technologie non existante développé par des universitaires…

    Mon raisonnement est peut être un peu réducteur, mais c’est pourtant l’impression qu’il m’est donné lorsque je participe à des colloques ou autres salons de l’innovation en france…

  • Mathieu Dupas dit :

    OSEO est un atout pour les PME françaises même s’il est vrai que le soutien à l’innovation par OSEO est axé entièrement sur les technologies. Cela ne représente donc qu’une partie du processus d’innovation. Les aspects de business model innovants incluant par exemple le marketing ne sont pas soutenus.
    C’est aujourd’hui un des reproches que l’on peut faire à cet organisme que les institutions telles que le comité richelieu ou la CGPME essayent de faire bouger.

  • Mathieu Dupas dit :

    Le 5ème modèle est en fait un prolongement logique du 4ème. En effet, dans le 4ème les acteurs internes de l’entreprise ont compris qu’ils devaient travailler ensemble. Une communication simple et plutôt séquentielle est réalisée entre les différentes entités (exemple : cahier des charges réalisé par une service, puis signé par un autre puis…). Dans le 5ème, cette communication va devenir presque temps-réel à la fois dans les allers-retours et les collaborations. Le modèle séquentiel et linéaire se voit pouvoir être chamboulé à tout moment par une remarque d’un Lead user, d’un service…
    Enfin, je me risque à parler d’un 6eme « Modèle » pour l’Open Innovation, du fait de sa formalisation très claire par Chesbrough qui pousse la systématisation des échanges gagnants gagnants entre une organisation et un écosystème.
    Pour résumer les différences entre le 4eme, 5eme et éventuel 6eme modèle sont plutôt des nuances, marquant cependant des marches progressives vers la démarche d’Open Innovation.
    En ce qui concerne les entreprises françaises qui pratiquent l’Open Innovation à différentes doses, on peut citer l’Oréal, Orange, MBDA, Véolia,…

  • Sophie dit :

    Re bonjour,

    Tout d’abord un grand merci pour cette précision et définition de ces derniers modèles.
    Il est vrai que les exemples d’entreprises qui pratiquent cette forme d’innovation sont nombreuses. Toutefois, j’aurais tendance à penser que celles qui ne la pratiquent pas sont encore plus nombreuses. En outre, après lecture de vos articles, je me demande si ce modèle ne concerne pas qu’une forme d’innovation à savoir celle de l’innovation de produit? Par ailleurs, est ce que cette forme d’innovation n’est pas réservé qu’aux grosses structures…?

  • Tony dit :

    Bonjour,

    merci à tous pour vos textes sur l’innovation.
    J’ai découvert ce Blog en travaillant sur mon sujet de DESMA qui est : » Dans quelles mesures les processus d’innovation dans les pays émergents sont ils différents de ceux des pays dits développés. » Si quelqu’un parmi vous peut me donner plus d’informations sur les processus d’innovation en général et/ou sur la différence d’innovation entre les pays émergents et ceux dit développés je suis preneur.
    Cdlt.

  • Mathieu Dupas dit :

    Pour plus d’informations sur ces modèles d’innovation, voici quelques liens de suggestions de lectures :
    -Fourth-generation R&D: from linear models to flexible innovation : Jorge Niosi 1999 Journal of Business Research Elsevier Canada
    -Towards the Fifth-generation Innovation Process
    Roy R. Rothwell 1994 Emerald and International Marketing Review United Kingdom

    Pour ce qui est des dernières vagues d’innovations, vous trouverez les liens des livres intéressants sur les dernièrs concepts sur la page bliothèque: http://www.innovationpartagee.com/Blog/bibliotheque/

    bonne lecture,

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