Pour faire suite à notre article sur la démarche innovante de Renault et son positionnement sur le créneau du véhicule électrique, nous avons interviewé Dominique Levent et Lomig Unger, responsables de la démarche d’innovation ouverte chez Renault.
Le secteur de l’automobile étant en pleine mutation, Renault a crée depuis 3 ans une cellule spécifique appelée « Créativité –Vision » chargée de remettre le positionnement de la firme au plus près des tendances sociétales. Il s’agit ainsi d’une ouverture prônée au monde extérieur.
Pourquoi ?
Il s’agit de réagir au changement de paradigme en train de s’opérer (cf discours de Carlos Ghosn au Web10) :
- Changement climatique
- Hausse du prix et rareté du pétrole
- Intermodalité
Ces constats ont donc amené Renault à lancer une démarche d’Open Innovation il y a 3 ans.
Historique
Comme souvent dans la plupart des entreprises, on fait de l’Open innovation sans le savoir. Dans le cas de Renault, des collaborations historiques avaient lieu avec les fournisseurs (80% de la Valeur Ajoutée d’un véhicule provient des fournisseurs) mais également le monde académique.
Renault entretient ainsi des collaborations depuis de nombreuses années avec des écoles d’ingénieurs comme l’école des mines ou encore Polytechnique, ainsi que différentes universités.
La gestion de son écosystème innovant intègre également les pôles de compétitivité.
Par rapport à des collaborations industrielles, on peut noter l’exemple du partenariat Renault TOMTOM qui vise un accord gagnant-gagnant pour 3 parties :
- Pour le client : bénéficier d’une des meilleures ergonomies reconnues et de la technologie d’info- trafic
- Pour Renault : gain sur les coûts de développement et time-to-market radicalement réduit (ne pas réinventer le GPS et son interface).
- Pour Tom Tom : visibilité et diffusion large et internationale de ses produits.
Aller plus loin : une démarche d’open innovation
Pourquoi une démarche autour de l’innovation ouverte ?
Il s’agit d’aller plus loin que des relations ponctuelles afin de transformer la démarche en processus continu et également utiliser toute la palette d’outils de l’innovation ouverte.
Renault a ainsi mis en place plusieurs initiatives intéressantes pour faire germer les produits de demain.
1. Une communauté d’innovateurs
En se basant sur les meilleures pratiques, notamment issue de la Silicon Valley, Renault a mis en place une communauté d’innovation intégrant des entreprises en dehors du secteur automobile, ainsi que des sociologues et consultants.
Parmi les sociétés regroupées, on retrouve des grands noms comme l’Oréal, la RATP, EDF, Seb…
Fait intéressant, lors de cette démarche des synergies sont apparues en travaillant avec L’Oréal, alors qu’à priori ces secteurs non pas de points communs.
Ce point illustre bien les bénéfices découlant d’une démarche d’Open Innovation ainsi que la sérendipité associée.
Ces membres se rencontrent physiquement en séances plénières. Pour aller plus loin, Renault a également développé une plateforme collaborative privée permettant à ses membres d’échanger sur des idées novatrices.
La liberté de parole est privilégiée en partageant dans un premier temps des informations non confidentielles. En cas d’intérêt avéré d’une des propositions, des échanges confidentiels sont ensuite mis en place.
2. L’innovation Room
Dans une pièce appelée « Innovation Room » ont lieu deux expositions par an (avec des objets sortant du cadre automobile) où se déroulent des séances de créativité.
Les idées issues de ces séances sont triées, analysées, et pour les meilleurs transférées vers les métiers.
Le but est d’accélérer les transferts vers le monde de l’automobile en restant au contact avec les tendances de la société.
3. Accélérer le repérage de technologies innovantes
Renault s’est également associée aux carrefours des possibles (organisé par la Fing) afin d’identifier des startups intéressantes. Le but est de compléter avantageusement leur éco système d’innovation et gagner un temps précieux dans la création d’offres innovantes.
Renault est donc un exemple intéressant de changement de culture dans un secteur en pleine mutation. Sous la contrainte des changements de société et des problématiques de compétition acharnée, il semble que le secteur automobile veuille désormais bénéficier des avantages que peut offrir cette démarche.
Le lecteur pourra retrouver d’autres initiatives intéressantes sur ce lien.
Le positionnement de Renault avec sa gamme novatrice de véhicules électriques est un exemple de plus d’ouverture au monde extérieur et recentrage du véhicule dans la vie des usagers.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelles sont les tendances à venir dans cette industrie en pleine mutation ?
N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires ci-dessous.
Bonjour. Un inventeur isolé a travaillé plus de dix ans pour trouver un dispositif SIMPLE et peu coûteux qui divise les rejets par plus de 60. Un fabricant de groupes électrogènes a adopté cette invention.
Quelle chance a cet inventeur de rencontrer Renault pour une démonstration?
Je doute, c’est concret…
@ LAUTON : quel est cet inventeur ? Quel est son procédé ? Il est rare que les goupes industriels, ou les entreprises d’une manière générale, refusent de rencontrer des potentiels partenaires. Donc : pouvez-vous nous en dire plus ?
Merci pour cet éclairage très intéressant. Est ce que dans l’écosystème d’innovation que Renault a créé sont impliqués d’autres acteurs que les entreprises citées, les inventeurs…par exemple les clients?
Merci Jean-François, l’intégration des clients dans la démarche est en effet un des piliers manquants. Renault est à priori en train de réfléchir à cet axe pour compléter son écosystème. Affaire à suivre donc…
Le net working et l’open innovation c’est bien mais attention à la confidentialité !